Consécration de l’autel de la Basilique Saint Donatien et Saint Rogatien

C’est devant une assistance nombreuse et émue que monseigneur Percerou a procédé à la consécration du « nouvel » autel de la Basilique, lors de la messe des artistes du Festival de la Beauté.

Pourquoi ces guillemets ? Parce que cet autel se trouvait, depuis le XVIIIème siècle, dans l’abbaye de Buzay à Rouans (L-A). Brûlée et détruite à la Révolution, son mobilier liturgique fut dispersé et cet autel latéral fut remisé dans un hangar appartenant au diocèse. C’est là que des passionnés l’ont redécouvert et choisi pour remplacer le bloc de pierre qui tenait lieu d’autel jusqu’à l’incendie de juin 2015. Mais qui dit autel latéral dit qu’il ne comportait qu’une façade et deux côtés. Il fallait créer de toutes pièces la façade arrière. La carrière de marbre dont était issu le matériau originel étant fermée, on trouva cependant un bloc de ce marbre de Cihigue afin de créer le panneau manquant.

Après maintes péripéties et quelques mois de retard sur l’agenda prévu, l’autel était enfin achevé en cette fin d’année et pouvait être consacré. L’enchainement des quatre étapes de la consécration nous ont saisi par leur profondeur et leur simplicité.

Dans un premier temps, et après la supplication litanique et avec la prière de tous les saints, Mgr Percerou a seul prononcé, debout derrière l’autel, la grande prière de dédicace demandant à Dieu que ce nouvel autel : « soit la table du Seigneur où ton peuple viendra refaire ses forces, où les convives du Christ afflueront dans la joie : en se déchargeant sur toi, Père, de leurs soucis et de leurs fardeaux, qu’ils reprennent ici courage pour une étape nouvelle. » Avec l’évêque, nous avons également supplié Dieu que « cet autel soit un lieu de paix et de profonde communion avec toi, qu’il soit source d’unité pour l’Église et source d’union entre les frères. »

À la suite de cette longue prière, trois gestes ont été posés, rappelant et actualisant le geste posé sur le corps de Jésus avant d’être mis au tombeau : tous les soins apportés à cet autel sont en fait un rappel du soin apporté au corps du crucifié.

Ainsi, quittant sa chasuble, revêtant des manchettes de tissu blanc, l’évêque allait tout d’abord oindre généreusement la table de marbre avec de l’huile sainte parfumée, le saint chrême consacré à la messe christmale. Par le biais de cette onction, cet autel est devenu symbole du Christ qui, plus que tout autre, est « Oint » et est appelé ainsi, car le Père l’a oint par le Saint-Esprit et a fait de lui le Souverain Prêtre.

Puis, vint l’encensement : des coupelles d’encens furent allumées aux quatre coins et au centre, pour signifier que le sacrifice du Christ, qui se perpétue sacramentellement en ce lieu, monte vers Dieu comme un parfum agréable ; mais aussi pour exprimer que les prières des fidèles parviennent jusqu’au trône de Dieu de façon à l’apaiser et à lui plaire (Cf Ap 8,3-4).

La dernière étape, composée de la parure d’une part, au cours de laquelle, on étend sur l’autel une nappe festive, et qu’on ajoute une ornementation festive de bougies croix et fleurs. C’est ainsi que l’église manifeste que l’autel chrétien est l’autel du sacrifice eucharistique et la table du Seigneur. C’est pour cela que l’autel se présente comme la table d’un banquet sacrificiel et reçoit une parure de fête. D’autre part, dans un second temps, les bougies ont été allumées de manière solennelle pour signaler que le Christ est la « lumière pour éclairer les nations païennes » (Lc 2, 32), dont la clarté fait resplendir l’Église et par elle toute la famille des hommes.

Tout était fin prêt pour l’acte suprême de consécration : la célébration de l’eucharistie, mémorial du sacrifice de Jésus.

Dans le cadre du festival de la Beauté, quatre artistes sont venus apporter leurs œuvres (deux sculptures et deux tableaux), en même temps que la procession des offrandes, en signe de remise de leur travail dans les mains de Dieu.

L’eucharistie s’est achevée notamment par un vibrant hommage qui fut rendu à Monseigneur Bonnet, curé de Saint Donatien au moment de l’incendie et pendant la durée des travaux, qui a mis toute son énergie pour que le chœur et l’autel de cette église soient dignes de l’écrin restauré qui les abrite.

Sauvé de l’oubli, ce magnifique autel, contrastant avec les autres éléments architecturaux de la Basilique a finalement retrouvé sa première vocation : lieu du sacrifice, centre de l’attention, lieu où converge les regards et les prières. Ainsi, l’Agneau Pascal qui en orne le centre peut désormais élever vers le Père toutes nos prières et nos intentions.

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