« Lazare » : « l’aide de Dieu » ultime

Jésus réveille Lazare qui est mort depuis quatre jours. C’est le dernier signe chez Jean, son ultime geste de puissance qui condense le sens de sa mission sur terre : apporter la vie en plénitude.

Mais c’est aussi le plus grand signe qui fait naître la plus implacable hostilité des autorités de Jérusalem. Les disciples et Jésus savent que la passion est inéluctable. Thomas l’explicite : « allons afin que nous mourions avec lui ». La vie de Lazare est liée au danger de mort pour Jésus, c’est pouquoi Jésus temporise deux jours avant d’aller réveiller Lazare.  En effet, c’est quand Lazare va sortir du tombeau, que les autorités juives décident sa mort : « il convient qu’un homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne se perde pas » (Jn 11). 

La raison de cette condamnation devient politique, elle n’est plus une raison théologique de Jésus se faisant l’égal de Dieu (Jn 5). Parce que beaucoup de Juifs vont croire en Jésus suite au réveil de Lazare à Béthanie, et ceci à 3 km seulement de Jérusalem et juste avant la grande fête de Pâques. Les autorités juives, sous la botte romaine, veulent   éviter tout trouble durant la fête. Il mettrait en danger l’existence même de leur peuple. La communauté johannique sait ce que les païens feront subir au peuple juif, un second exil. Les romains vont tout détruire 40 ans après : temple, ville, habitants, et le temple ne sera jamais reconstruit. Aujourd’hui encore, les énormes pierres du Temple jetées en contre-bas du mur par les soldats romains, en 70, sont toujours là ! Cette violence systémique des nations sur ce petit peuple est inadmissible, Jésus meurt de cette violence des nations, et de l’angoisse du peuple juif d’être anéanti. Ce peuple vivra finalement le second choc de son histoire par la destruction de Jérusalem. Jésus meurt pour une terre nouvelle où les nations peuvent coexister sans être colonisées, exploitées, exilées.

C’est bien cette angoisse de mort que Jésus visite chez les sœurs de Lazare. La mort du proche nous dévaste, et nous pousse vers l’abime du non sens. Jésus devant le   désespoir de Marie « frémit » en son esprit, il frémit de colère devant l’œuvre de la mort qui tient captive ceux qui restent sur terre. Le Père répond à la prière du Fils, et Lazare revient à la vie. Le Fils est venu sur terre pour anéantir l’angoisse de mort qui tient l’humain captif.

Norbert Rousselle, Communauté du Chemin Neuf

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