Christ est ressuscité! Il est vraiment réssuscité !
Personne ne peut dire de lui-même « Jésus est ressuscité », il nous faut la grâce de l’Esprit Saint pour accueillir cet événement. Cette année, nous pouvons nous laisser bousculer et écouter l’annonce du matin de Pâques comme si nous l’entendions pour la première fois : Jésus est ressuscité ! Face à l’inouï de cette vérité, on reste sans voix ! On peut imaginer les disciples et les témoins de sa mort sur le Golgotha, qui se transmettent la nouvelle du «tombeau vide » : « nous l’avons vu !». Nous pouvons entendre leurs étonnements mêlés de stupeur et de joie : « Il est vivant ! ». Aujourd’hui, avec toute l’Église, nous sommes invités à entrer dans cette joie des prodiges de Dieu : « Venez, et voyez les œuvres du Seigneur, les prodiges signalés qu’il opère sur la terre » Ps 46,9.
Pourtant on a du mal, comme les disciples, à accueillir cet inouï de Dieu. D’une part, parce que cet événement central de la foi chrétienne reste discret. Tandis que la mort et la crucifixion de Jésus étaient un événement public, celle de la résurrection se dérobe et reste secrète. Personne n’est témoin de la victoire de Jésus sur la mort : « nous avons vu une pierre roulée, un tombeau vide, un linge plié ». Jésus ne se livre pas à une manifestation publique, il se révèle seulement à ces hommes et femmes qui s’étaient engagés dans un compagnonnage avec Lui. Dans la résurrection, comme dans toute sa vie, Jésus ne s’impose pas mais laisse à l’homme la liberté de choisir d’y adhérer ou pas. Croire en Jésus ressuscité suscite toujours un acte de foi, elle nous mobilise. Comme la salutation pascale de nos frères orthodoxes où la proclamation : « Il est ressuscité !» sollicite la réponse : « Il est vraiment ressuscité ! ».
Les récits de rencontres avec le Ressuscité soulignent la difficulté des disciples à reconnaître et à croire que Jésus est vivant. Il y a comme une continuité de sa personne, mais aussi une nouveauté qui apparaît avec la résurrection. Les évangélistes mettent en évidence Jésus n’est pas un fantôme, il garde les marques de la passion, il mange, il se laisse toucher. Et en même temps on a du mal à le reconnaître : Marie-Madeleine le prend pour un jardinier, les disciples d’Emmaüs pour un simple voyageur… Les apparitions de Jésus malgré les portes fermées, les disparitions soudaines, témoignent d’une nouvelle dimension de la vie qui échappe aux lois du temps et de l’espace. Jésus a franchi les limites de notre histoire, à travers la mort et la résurrection est parvenu à une vie définitive avec Dieu dans son corps. Le Ressuscité n’est pas juste un miraculé comme Lazare, un réanimé dont la mort est juste retardée. A Pâques, on retrouve un événement sans analogie dans l’histoire de l’humanité car Jésus a vaincu la mort d’une façon irréversible. Ainsi, il annonce le destin de Dieu pour chaque homme qui est la vie éternelle en Dieu. D’après St Augustin « Jésus est passé de la mort à la vie pour nous préparer le chemin, pour que nous puissions passer de la mort à la vie ». Que chacun de nous, pendant ce temps pascal, puisse d’une nouvelle façon expérimenter que « Dieu est le Dieu vivant », pour qu’on puisse dire comme St Paul « il m’est aussi apparu à moi ». (1Cor 15,8)
Sr Anna Święcka, Communauté du Chemin Neuf