Extrait de la prédication radiodiffusée de M. Marc BOEGNER
« Mes frères, tout au fond de nous-mêmes, avons-nous vraiment le désir de recevoir le Saint Esprit ? Nos doutes, nos incertitudes, notre incrédulité même devant tel récit ou telle promesse du Nouveau Testament ne servent-ils pas à justifier devant notre propre coeur notre peur du Saint-Esprit ? Reconnaissons-le simplement, franchement la pensée que le Saint-Esprit pourrait venir en nous et pénétrer notre vie jusque dans ses recoins les plus obscurs éveille, chez un grand nombre d’entre nous, non pas de la joie, mais une crainte que nous n’osons pas toujours formuler – s’il venait, après tout ?
Si en réponse à notre prière, le Saint-Esprit venait s’emparer de tel ou tel d’entre nous, assurément, ce ne serait pas pour nous laisser tranquilles ! Le Saint-Esprit n’a jamais laissé tranquille aucun de ceux qu’il a touché… Le secret de nos convoitises, de nos jalousies, de certaines souillures cachées tout au fond de nous-mêmes, ne serions-nous pas obligés de le partager avec lui s’il venait pénétrer notre vie de sa clarté révélatrice ? Ne nous appellerait-il pas à renoncer à tant d’attachements que nous estimons, aujourd’hui encore, pouvoir se concilier avec notre foi ?… Ne nous conduirait-il pas à nous singulariser devant les autres : nos proches, nos camarades, nos amis ? Ne nous mettrait-il pas en opposition avec notre milieu professionnel, social, mondain, peut-être même religieux ? Nous voulons bien porter notre témoignage de chrétiens là où nous agissons surtout lorsque le conformisme y trouve son compte. Mais pas d’étrangetés qui nous feraient remarquer et nous rendraient ridicules.
Fête de Pentecôte ! Autrefois des langues de feu, des vies boulversées, des aventures de la foi, des risques à courir, des croix à porter, une mort à vivre pour vivre ensuite une vie nouvelle : la vie du Christ… Mais tout cela n’est pas pour notre époque, ce n’est pas pour nous ! A quoi aboutit, mes frères, cette conviction que le Saint-Esprit n’est pas pour nous ? A l’extrême médiocrité de tant de vie dites chrétiennes, à leur pauvreté spirituelle, à leur stérilité. Chrétiens médiocres, chrétiens tristes, chrétiens pessimistes, chrétiens défaitistes : en vérité, trop souvent, vous encombrez vos sanctuaires et vos paroisses, et vous êtes ces chrétiens-là parce que, tout au fond de vous-mêmes, vous refusez le Saint-Esprit ! »
Le pasteur Marc Boegner (1881-1970) au charisme exceptionnel, est une des grandes figures du protestantisme français contemporain. En 1940-1945, au nom de la Fédération Protestante de France, il a lutté contre les mesures discriminatoires frappant en particulier les Juifs. Et il a porté sa vie durant une « exigence œcuménique » qui fait de lui un véritable pionnier du rapprochement entre les Églises chrétiennes.