Les pèlerins d’Emmaüs

Ils sont deux disciples de Jésus tristes et abattus, qui pleurent sa mort. Jésus est mort du   supplice infligé aux assassins : sur une croix. Le rêve est brisé et le chagrin immense.

Un inconnu les rejoint sur la route. Il les interroge : « Pourquoi êtes-vous abattus ? […]

Alors, cet inconnu prend le temps avec eux de relire les Écritures :

  • Il leur fait découvrir que le Messie de Dieu n’a jamais été présenté comme un général victorieux […] mais qu’il serait, bien plutôt, Dieu lui-même qui s’abaisserait pour devenir homme parmi les hommes afin de les rassembler tous dans son amour infini.
  • Il leur fait découvrir qu’il était écrit par Isaïe que ce Messie, ce « Serviteur souffrant », se heurterait au péché des hommes et que ceux-ci, refusant de changer leur cœur, le mettraient à mort.
  • Il leur fait découvrir que la mort de Jésus n’est pas la fin de l’histoire mais un passage qui ouvre l’Histoire : au matin de Pâques, l’amour surabondant du Père manifesté en lui fera tomber la lourde pierre qui fermait le tombeau. Jésus, le Christ, en sortira vainqueur, ressuscité ! Une espérance deviendra possible, le mal et le péché seront vaincus, la mort sera morte !

Quand l’inconnu referme le livre des Écritures, le cœur des deux disciples est tout brûlant de l’inouï de cette révélation […]. 

Cette Bonne Nouvelle, nous la vivons chaque année lors de la Semaine Sainte qui est le cœur de la foi chrétienne, elle est celle que l’Église doit annoncer à temps et à contretemps, à tous et en tout temps !
Néanmoins, devant cette exigence missionnaire, une question m’habite : dans nos sociétés    occidentales sécularisées, l’Église, qui est le corps du Christ ressuscité, est-elle encore en capacité de demeurer le signe vivant de ce Dieu qui, en Jésus-Christ, est venu manifester sa proximité jusqu’au don de lui-même afin de les sauver ? […]

St Jean définit l’Église comme « la reine choisie par Dieu », destinée à rassembler et à conduire toute l’humanité au Père, dans son Royaume. […] L’Église, en occident, dans notre diocèse, peut apparaître bien fragile, ballottée en tous sens par la tempête… Mais voilà que l’Écriture nous assure qu’elle « est la reine choisie par Dieu », habitée jusque dans sa fragilité par la vie nouvelle du Christ-ressuscité. […]

Je crois avec vous que l’Esprit du Christ ressuscité guide l’Église et l’ouvre à la mission. Je crois avec vous que le Christ vient rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés et que là est notre mission. C’est ce qu’il attend de nous. Oui, l’heure est à l’audace missionnaire !
 

Mgr Laurent Percerou, évêque de Nantes

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